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Bovins viande L’acidose ruminale latente responsable de pertes de production

« Alors que sa forme aiguë est devenue rare, l’acidose ruminale se développe dans nos systèmes de production intensive sous sa forme latente, plus discrète mais touchant un nombre important d’animaux avec des impacts financiers négatifs », présente Cécile Martin de l’unité de recherches sur les ruminants à L’Inra dans un article paru dans la revue Productions Animales de l’Inra.

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« L’acidose latente apparaît plus spécialement lors des périodes de transitions alimentaires vers des régimes à forte densité énergétique », explique Cécile Martin.  « Ce type de transition alimentaire est étroitement lié à la technique d’élevage en système intensif et correspond à deux situations bien précises : la période autour du vêlage chez la vache laitière haute productrice et le démarrage des jeunes ruminants à l’engraissement. »


L’acidose latente apparaît plus spécialement lors des périodes de transitions alimentaires (© Web-agri)
Dans ces situations, explique Cécile Martin, «  la forte augmentation des besoins alimentaires de l’animal pour couvrir ses besoins de production s’accompagne d’une part d’une augmentation des quantités ingérées globales et d’autre part d’une augmentation de la proportion de concentrés dans la ration (de 30-40 % à 60-70 % de matière sèche ingérée pour les vaches laitières et jusqu’à 60-90 % chez les animaux à l’engraissement et ce au détriment de celle du fourrage ».
Comme les rations ainsi distribuées ont une fibrosité faible, « Il s’ensuit une diminution de la rumination, de la production de salive et donc de substances tampon d’origine salivaire arrivant dans le rumen ».
L’acidose latente représente un état de déséquilibre transitoire. Selon la spécialiste, « ces modifications ruminales peuvent avoir des conséquences physiopathologiques à plus ou moins long terme au niveau digestif (inhibition de la motricité ruminale, diarrhées, lésions de la paroi ruminale…), des troubles métaboliques ou encore des complications infectieuses et locomotrices ».

Des symptômes diffus

Les animaux en acidose latente présentent des symptômes plus diffus et beaucoup moins caractéristiques que pour des acidoses aigues. « Les perturbations initiales sont d’ordre digestif, s’étendent au métabolisme et engendrent ultérieurement des complications essentiellement infectieuses et locomotrices, observées plusieurs jours à plusieurs mois après une acidose », souligne Cécile Martin. « Une des premières conséquences de l’acidose ruminale est une perturbation de la motricité ruminale. Ceci s’accompagne parallèlement d’une fluctuation de l’appétit pouvant aller jusqu’à l’interruption de la prise alimentaire. La motricité ruminale est liée à des facteurs relatifs à la composition de la ration, auxquels s’ajoutent d’autres facteurs en cas d’acidose. Le premier mécanisme de cette diminution de motricité implique l’aspect physique de la ration dont la taille des particules alimentaires est faible avec des rations riches en céréales. Les abcès hépatiques sont la première complication infectieuse fréquemment associée à la ruminite surtout chez les taurillons et les agneaux à l’engrais ».
« Des troubles locomoteurs d’origine non infectieuse comme la fourbure peuvent être associés à l’acidose ruminale quelle que soit sa forme »,
complète la spécialiste.

« En production de viande, les contrôles de poids sont insuffisamment rapprochés, même en conditions expérimentales, pour que l’état acidotique de l’animal puisse être relié à une diminution de la vitesse de croissance ; cette dernière est toutefois probable », commente Cécile Martin qui suppose que « les animaux les plus forts consommateurs pourraient être plus sujets à l’acidose ».
« Les organes touchés, tels que le foie avec des abcès, représentent par contre une perte de production à l’abattage », conclut-elle.

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